« Gémir sur un malheur passé, c’est le plus sûr moyen d’en attirer un autre. » William Shakespeare Othello.

« -Juliet, je reviendrai.
-Je sais que tu le feras. »

Tes yeux s’ouvrirent subitement et clignèrent pour se faire à la lueur de la chambre. La lumière t’avait ébloui mais tu étais enfin réveillée. Ton cœur battait encore très lentement, mais il se ressaisit lorsque tu te redressas, mettant ta main sur ton front, encore somnolente. Je suis là Juliet, tout près de toi et pourtant si éloigné. Je te vois Juliet, je vois tes yeux se diriger vers la porte, te demandant bien pourquoi on avait frappé. La chambre avait des couleurs à dominances rouges, tu semblais être dans un hôtel, à vrai dire, tu n’avais toujours pas compris ce qui t’étais arrivée la veille. Juliet, tu étais éblouissante dans ta tenue d’Eve. Une fois levée, tu te dirigeas vers le placard où tu pris tes vêtements du jour d’avant. Ta robe aux tendances orangées voir jaunes se liait parfaitement à tes yeux dorés qui scintillaient. Sans avoir mis de chaussures, tu fis des pas légers jusqu’à la porte pour l’ouvrir. C’était le gérant de l’hôtel sans doute, au vu de son accoutrement, il te demanda simplement de partir, afin que la femme de ménage puisse faire la chambre. Tu hochas la tête doucement avant de t’excuser, pis tu commenças à prendre tes affaires sans un mot de plus. Tu mis tes chaussures, passas devant le miroir quelques minutes pour regarder ton visage mal réveillé et te brosser, puis tu sortis de l’hôtel. Le gérant avait dû t’offrir une nuit au chaud, car tu ne lui donnas aucune pièce pour payer ta nuit.

Juliet, te voilà dehors, dans un grand quartier d’une ville totalement inconnue mais beaucoup moins grise que notre ancien monde. Cela ne te réjouissait pas spécialement, sans te faire mal non plus je pense. Tu positivais, tu savais que j’étais là, quelque part, à t’écouter penser et à voir tes actions. Comme les mondes qui nous entourent maintenant, nous étions connectés. Tu baillas simplement avant de tourner vers la droite, puis de te diriger vers les escaliers, te posant calmement sur le sol. Il n’y avait rien ni personne, c’était si désert que tu en frissonnas d’angoisse. Tu avais toujours été la plus indépendante de nous deux et pourtant, tu te sens très seule sans personne autour de toi, tu ne sais plus quoi faire. Tu posas ton oreille sur tes bras posés sur tes genoux, tu étais comme une sans abri, mais bien plus jolie quand même. La pauvreté ne t’avait jamais vraiment affecté, mais tu te sentais toujours aussi seule.

C’est alors que Mercutio vint du premier quartier et se dirigeas vers toi. Il s’assit à côté de toi et te toucha du bout du doigt sans doute pour vérifier si tu étais toujours vivante.

« -T’es morte ?
-Pas encore.
-T’es triste car Romeo n’existe plus ?
-Il est là. Quelque part.
-Je ne savais pas que tu croyais aux fantômes…
-Tait-toi. »

Il sourit timidement, ça lui faisait mal de me croire mort, je le sais. Tu marmonnais tes paroles, tandis que tu te concentrais sur la pierre grise qui constituait le mur à côté de toi. Mercutio te fixa et soupira.

« -T’es ennuyante comme meuf…
-Pourquoi tu restes alors ?
-Romeo est parti.
-Il n’est pas mort. »

Mercutio se tapa la tête avec sa main, se mettant à rire bêtement, mais c’était plus une réaction de tristesse que de joie.

« Vois les choses en face… Juliet, il n’est plus là. »

Il se leva et se mit devant toi, le visage triste, tout en essayant de sourire. C’était une technique de bourge, ne jamais laisser croire que nous étions tristes. Mercutio n’avait jamais vraiment été doué là-dessus. Tu levas la tête, pour entendre ce qu’il avait à dire, en ayant la sensation que cela allait être important au vu de son expression sérieuse.

« -T’auras qu’à me dire quand tu voudras que je te console dans un lit bien chaud…
-Beurk. »

Il fronça les sourcils mais préféra partir, ne rajoutant rien à sa phrase lourde de sens. Tu fis une expression dégoûtée par ce qu’il venait de dire, puis tu reposas ta tête contre ton bras sans rien dire de plus. Tu pensais que tu avais l’air d’une sans abri encore une fois, que Mercutio avait sans doute trouvé un endroit pour dormir grâce aux nombreux bijoux qu’il possédait sur lui et sa capacité à subjuguer les mœurs avec son langage presque grossier. Tu n’étais pas jalouse, mais tu ressentais un profond dégoût pour ce type, surtout quand il proposait des soirées avec toi, sachant pertinemment que j’étais à côté. Maintenant que je n’étais plus là pour toi, il avait le champ libre pour te faire du rentre dedans sans que je puisse avoir mon mot à dire. Je devrais trouver ça horriblement insultant, mais pourtant cela ne me choque pas. Je dois connaître Mercutio par cœur depuis, et puis je sais qu’il ne fait pas ça par méchanceté.

Tu n’étais cependant par toute seule dans ce quartier, une fille blonde semblait se promener aussi… Une alliée, une ennemie ? Je ne saurais pas trop quoi en penser. Elle semblait innocente. Tu me manques Juliet.

« Tu me manques Romeo. »